TIC, médias sociaux et changement d'image pour l'agriculture kényane

Un nouveau site web se fait le champion des jeunes agriculteurs kényans et bouleverse les préjugés

L'image de l'agriculture fait peau neuve au Kenya. Le secteur devient plus attrayant, aux yeux des jeunes, depuis qu’un nouveau site web et une utilisation originale des médias sociaux encouragent les jeunes Kényans à considérer la profession d’agriculteur comme un métier rentable.

Jusqu'à récemment, beaucoup de jeunes Kényans regardaient le travail dans l'agriculture comme un métier non qualifié, ingrat, et réservé aux retraités ou aux personnes sans éducation. Pourtant, aujourd'hui, un groupe de jeunes agriculteurs conteste ces préjugés traditionnels et s’efforce d'expliquer les attraits du métier d'agriculteur. Il s'agit des « Mkulima Young Champions ». Ils sont devenus les figures emblématiques d'une opération de communication numérique visant à transformer l'image que les jeunes se font des agriculteurs. À l’aide d’une panoplie de technologies, ces « Champions » apportent la preuve que l'agriculture au Kenya offre vraiment un parcours professionnel attractif pour les jeunes au XXIe siècle.

Le groupe – Mkulima signifie « agriculteur » en kiswahili – a été fondé par Joseph Macharia, un agriculteur et expert agricole, et il est financé par la Fondation Rockefeller. Son but est d'attirer toujours davantage de jeunes dans le secteur et surtout de leur apprendre à s'entraider par des enseignements mutuels, à faire du commerce et à relever ensemble les défis rencontrés dans l'agriculture.

Daniel Kimani, l'un des jeunes du groupe Mkulima, est un exemple type de la nouvelle génération d'entrepreneurs kényans qui commencent à voir les possibilités qu'offre l'agriculture. Ingénieur diplômé, il a créé un système aquaponique permettant à la fois l'élevage de poissons et la culture de fraises. Grâce à son entreprise, il gagne désormais 300 000 shillings kényans (2 600 euros) par mois.

Son système est ingénieux et plein de ressources. L'ammoniac rejeté par les poissons est éliminé des étangs d'élevage au moyen de tours de filtrage remplies de pierres, fournissant ainsi gratuitement l'engrais et l'eau pour les fraisiers qui y ont été plantés. Daniel est l'un de ceux qui prouvent à toute une génération de Kényans que l'agriculture aidée par la technologie est ingénieuse, lucrative et pas nécessairement intensive en main-d'œuvre.

Depuis que Mkulima Young a commencé à vanter le succès de champions de l'agriculture comme Daniel et bien d'autres, Joseph Macharia a observé un changement appréciable dans l'attitude des jeunes à l'égard de l'agriculture.

« Grâce aux représentants de Mkulima Young qui sont jeunes et éduqués, explique-t-il, l'attitude des jeunes [envers l'agriculture] a changé, ils ne la considèrent plus comme une activité de vieux mais comme une profession dans laquelle on peut faire des millions. »

Pourtant, l'initiative est loin de se résumer à une simple histoire de publicité. Grâce à la radio, aux SMS et aux médias sociaux, elle invite les jeunes Kényans à débattre de sujets agricoles. Les auditeurs des programmes radio peuvent donner leur avis en ligne, influencer le contenu des émissions et les rendre plus pertinentes.

Pendant ce temps, la , qui a vu le jour en janvier 2013 et compte déjà 19 000 amis, est devenue un forum dynamique où les jeunes publient des liens, des photos et des vidéos, posent des questions, débattent de problèmes et dialoguent avec d'autres jeunes qui sont passionnés par l'agriculture.

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Le projet sera présenté dans le cadre de la conférence ICT4Ag, qui a lieu du 4 au 8 novembre 2013 à Kigali (Rwanda).

De nouvelles technologies de lutte contre la fraude dans l'agriculture

Une simple application à base de SMS peut contrer le problème des « faux » intrants agricoles

Les intrants agricoles contrefaits sont des facteurs d'insécurité alimentaire et appauvrissent les agriculteurs, affirment de nombreux experts. Les « faux » intrants agricoles constituent un énorme problème dans le monde en développement, notamment en Afrique subsaharienne. Ils compromettent la germination et la santé des cultures, et peuvent même mettre des vies en danger. Aujourd’hui, pourtant, une utilisation innovante des TIC permet d’envisager de nouveaux succès dans la lutte contre cette industrie frauduleuse. « Les agriculteurs perdent des millions à cause de faux intrants qui affectent la productivité », déplore Bruce Kisitu, le coordonnateur ougandais d'un projet de lutte contre la contrefaçon. « Cela nuit à la qualité des produits, réduit les chances qu’ont les agriculteurs d’accéder à des marchés compétitifs et concourt à entretenir l’insécurité alimentaire. La contrefaçon emprisonne les petits producteurs dans le cercle vicieux de la pauvreté. »

Farmer scratching

« Les agriculteurs perdent des millions à cause de faux intrants qui affectent la productivité », déplore Bruce Kisitu, le coordonnateur ougandais d'un projet de lutte contre la contrefaçon. « Cela nuit à la qualité des produits, réduit les chances qu’ont les agriculteurs d’accéder à des marchés compétitifs et concourt à entretenir l’insécurité alimentaire. La contrefaçon emprisonne les petits producteurs dans le cercle vicieux de la pauvreté. »
Kisitu raconte l'histoire d'une paysanne ougandaise qui avait acheté des graines d'arachide pour les planter dans son champ. C'est avec ce qu’elle peut produire qu’elle nourrit sa famille et paye les frais de scolarité de ses enfants. Quelle ne fut pas sa surprise, au moment de la moisson, de ne récolter que très peu d'arachides. On lui avait vendu des graines contrefaites.
« La pauvre femme a failli mourir d’inquiétude à l'idée de ne pas pouvoir nourrir sa famille », explique Kisitu, qui affirme que les produits contrefaits représentent aujourd'hui le chiffre effarant de 30 % des ventes d'intrants agricoles en Afrique subsaharienne. C'est un commerce qui, comme l’explique Felix Jumbe, directeur exécutif de l'Association du Malawi pour le commerce des semences (Seed Trade Association of Malawi), « rend les pauvres plus pauvres ».
Kisitu estime que des solutions innovantes doivent être adoptées de toute urgence pour lutter contre ce problème croissant. Il s’est placé lui-même à l'avant-garde en coordonnant, en Ouganda, un projet qui entend contrecarrer la contrefaçon des intrants agricoles grâce à « l'utilisation améliorée de la fonction SMS des téléphones mobiles », système qui a été mis au point par le Centre international de développement des engrais (IFDC) en partenariat avec CropLife Afrique & Moyen-Orient et CropLife Ouganda.
Dans ce projet, les intervenants veillent à ce que chaque paquet de semences qu'achète un agriculteur comporte une étiquette à gratter sur laquelle figurent un numéro d'identification et des informations sur le produit. L'acheteur transmet ce numéro d'identification par SMS à un numéro abrégé local qui lui renvoie, quelques secondes plus tard, une validation de l’authenticité des semences.

« La beauté de ce système, c’est que l'utilisateur ou l’agriculteur peut lui-même authentifier le produit », se félicite Kisitu. Les produits auto-validés donnent confiance aux agriculteurs et sont gage de sécurité – d'après Kisitu, ce ne sont là que deux des multiples raisons qui font que la part du marché des paquets codés a augmenté de 10 % par rapport à leurs concurrents.
Ne nécessitant qu'une connectivité mobile basique et une technologie que les communautés rurales maîtrisent déjà bien, cette solution à bas coût pourrait connaître le succès dans l'ensemble de la région ACP. Dès lors, le problème de la fraude agricole, en Ouganda comme ailleurs, pourrait bientôt appartenir au passé.


Le projet est présenté dans le cadre de la conférence ICT4Ag, qui a lieu du 4 au 8 novembre 2013 à Kigali (Rwanda).

 

 

 


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